“Les gens de St Demet”. Des anthropologues derrière la caméra

La Cinémathèque de Bretagne propose cinq films en accès libre réalisés par Robert et Monique Gessain, anthropologues du Musée de l’Homme. Ces films, tournés dans les années 1960, au sein de la petite commune bigoudène de Plozévet (29) et connus sous le nom « Les Gens de St Démet », traitent de la vie des agriculteurs, de celle des gens du bourg ou de la côte, et font une large place au costume bigouden et aux gestes du repas. Le site de la Cinémathèque propose également les films réalisés à la même période par un autre anthropologue, Christian Pelras, qui avait choisi comme cadre Goulien, dans le Cap Sizun. L’ensemble de ces images appartiennent à un corpus beaucoup plus large, celui d’une grande enquête interdisciplinaire en sciences humaines et sociales, ayant pris Plozévet comme objet d’études. Sous l’égide de la Délégation générale à la recherche scientifique, plusieurs disciplines en SHS s’étaient associées afin d’explorer les questions relatives à l’adaptation des sociétés rurales au monde moderne. 

Comment les films de Monique et Robert Gessain abordent-ils cette problématique ? Et, si ces films sont considérés comme la face filmique des travaux, en rendent-ils vraiment compte ? Ou bien, développent-ils des perspectives autonomes et parallèles ? Quelles images de cette petite société ruralo-maritime a-t-on privilégiées, alors que s’affirme un cinéma ethnographique qui s’ouvre lentement à la France, d’abord rurale ? Comment a-t-on filmé, alors que dans ces années 1960 se développe le cinéma « direct » que permet la caméra à l’épaule ? Comment les Plozévétiens ont-ils accueilli ces images d’eux-mêmes, à une époque qui n’avait guère l’habitude du cinéma documentaire et des réalisations télévisuelles ? Et comment apprécie-t-on cette histoire aujourd’hui avec plus de 50 ans de recul, alors que ces images ont désormais acquis une valeur patrimoniale ? C’est l’objet de cette série de six articles, qui paraîtront au fil des mois à venir.

1/6 : “Les gens de St Demet”. Des anthropologues derrière la caméra : le choix de Plozevet.